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Écrivaillon du dimanche, je rends toujours mon avis en retard et j'excelle dans l'autodérision inversée et sinon IRL je me prétends CM.

[Critique Reporter] The Dark Knight Rises : The Fall of Gotham !

Synopsis : Il y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit : lui qui était un héros est alors devenu un fugitif. S’accusant de la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à Gotham City grâce à l’arsenal de lois répressif initié par Dent. Mais c’est un chat – aux intentions obscures – aussi rusé que voleur qui va tout bouleverser.

À moins que ce ne soit l’arrivée à Gotham de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l’exil qu’il s’est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman n’est peut-être plus de taille à affronter Bane…

Avis :

Nouvel et dernier épisode de la trilogie Batman initiée par Christopher Nolan en 2005 avec Batman Begins suivi trois ans plus tard de The Dark Knight et 2016 d’un reboot de *** (mettre le nom du réalisateur correspondant), c’est peu dire qu’il était attendu ! Après un premier épisode à la structure classique et assez peu appréciée par les fans de naissance d’une légende, le second épisode a mis tout le monde d’accord.

La légende de Batman, telle un phénix, était repartie sur de bons rails et avait atteint des sommets avec la prestation spectaculaire de Heath Ledger malheureusement décédé pendant la post-production du film. Ce drame a servi le film, pas la peine de se raconter des histoires, qui a connu à l’époque (genre, à l’époque, c’était y a 4 ans) un succès sans précédent et amené avec lui une foule de cosplays absolument déplorables.

Le Cosplay, pourquoi ?

C’est une question auquel nous n’apporterons pas de réponse dans cet article.

Bruce Wayne est-il Batman ?

Oui.

Catwoman est-elle enfin crédible ?

Lisez la suite de l’article.

 

Rises ?

Pour ce qui ne connaitraient pas le sens de ce mot, moi-même au début, c’est la conjugaison du verbe monter ou plus précisément dans ce cas-ci, « s’élever » et cela à une grande importance. On oublie trop souvent la portée des titres chez Nolan.

Pour le comprendre, il faut revenir à une phrase prononcée dans Batman Begins (titre choisi par Warner et non Nolan, contrairement aux deux épisodes suivants) prononcée par le père de Bruce : « Pourquoi tombe-t-on ? Pour apprendre à se relever ». Et le titre même du second film est une citation prononcée par Jim Gordon à la fin The Dark Knight

Chers lecteurs, vous devez vous demander pourquoi je vous parle de tout ça ? Pourquoi je ne parle pas directement du film ?

Il faut savoir que Nolan n’a pas souhaité inclure dans le premier épisode de figures de supers vilains (trop) connues, tout simplement pour permettre à Bruce Wayne de devenir Batman, ce qui est parfaitement logique quand on choisit de raconter le début d’un super-héros. C’est ce qui lui a permis, dans un second épisode, d’introduire un des personnages les emblématiques de l’univers de Gotham, le Joker.

Un choix audacieux qui lui a donné la possibilité une fois les personnages en places de déployer un personnage, au départ très « comics » dans son univers réaliste. Le premier opus avait été conçu pour présenter Batman dans un monde réel avec les préoccupations d’un monde réel. Peu importe si la ville n’existe pas, elle devenait crédible pour nous, encore plus dans la suite avec ces vues de jour.

Les Batman de Burton (on va oublier les autres) étaient morts, réinventés dans une nouvelle vision démontrant que le registre du film de super-héros ne devait pas être forcement fantaisiste mais pouvait s’ancrer dans le réel. Bruce Wayne n’était pas qu’un super-héros mais un symbole pour changer les choses.

We believe in Harvey Dent !

La campagne marketing avait savamment su jouer de cela puisqu’avant la sortie du second volet, plusieurs faux sites et publicités avaient mis sur le web présentant la candidature de Dent et son combat contre le crime. L’intrigue elle-même était plus crédible que dans Begins et plusieurs références comme le 11 septembre étaient disséminées dans le récit. La vision de Nolan était pessimiste mais le Dark Knight était vu comme un espoir presque – n’ayons pas peur des mots – christique du peuple en temps sombres.

Mais cela avait un revers…

The Dark Knight Rises (enfin)

Dans le troisième volet, Bruce a raccroché les gants depuis longtemps, la loi promulguée en mémoire de Dent a su faire le ménage. Gotham est sauve, en apparence. Nolan nous montre qu’une cité n’est jamais parfaite et qu’elle se consume elle-même, responsable de ses propres démons. Un nouvel adversaire apparaît et le Chevalier Noir revient pour l’arrêter.

Qu’en est-il de Jim Gordon, a-t-il accepté une paix bâtie sur un mensonge ? Bruce Wayne n’a plus vécu, il est resté dans enfermé dans son chagrin et ne sort plus, il n’est plus rien sans Batman.

Cet épisode est un miroir des précédents épisodes, un miroir sur les conséquences des actes des personnages. Il y a toujours un prix à payer, ce n’est pas une morale conventionnelle d’histoire hollywoodienne, c’est la vision de Nolan sur l’histoire de Batman.

Gotham est devenue le personnage central, la ville, son peuple, cette fois-ci Nolan s’inspire de la crise financière, comme une peur de remettre en question le sacro saint modèle capitalisme. Bane n’est pas le mal, ni le chaos comme l’était le Joker, il n’est qu’une illustration de nos propres craintes de nos frustrations. Il rejette le système et décide de tout simplement le dynamiter, de bousiller les règles et leurs hypocrisies.

Batman n’est qu’un étendard, un symbole. Il faut donc l’anéantir. Sélina Kyle est, elle-aussi, hors de toutes notions manichéennes, elle ne cherche pas le profit, n’est pas en quête de pouvoir, elle se défend en retournant les armes des hommes contre eux.

Chaque personnages dans l’univers de Nolan a une importance, de pères de substituions en la personne de Alfred ou Lucius Fox pour Batman, de gardien de loi et donc des valeurs de la société pour Gordon et un nouveau protégé, incarné par Joseph Gordon Levitt, John Blake, représentant l’espoir, ou encore avec Miranda (Cotillard) Tale en philanthrope écologique.

Les nouveaux venus au casting sont absolument parfaits. L’ambiguïté seyante de Catwoman incarnée par Anne Hathaway efface absolument tous les outrages qui avaient pu être fait au personnage. Bane (Tom Hardy) est effrayant. Même s’il n’efface pas le Joker, il incarne parfaitement les idéaux de destructions à la manière d’un Robespierre moderne, intransigeant et qui n’arrêtera en rien son projet.

Pour le contrer s’avancera sur sa route, Batman mais aussi Gordon. On aura droit d’ailleurs à l’introduction d’un nouveaux personnage, John Blake en qui Bruce se retrouve car orphelins tous les deux. Une scène très réussie les présentera.

Le plus surprenant avec ce film ce sont les relectures et interprétations qu’il peut engendrer. J’y vois clairement une référence directe à « La Terreur » qu’engendra La Révolution Française et le bousculement de l’ordre établi, à l’image du braquage dans la bourse et la crainte des financiers. Car ne nous trompons pas Batman n’est pas qu’une sauvegarde de l’ordre établi, il est son gardien, il ne bouscule pas l’ordre, il lui permet d’être juste plus convenable. C’est assez culotté de descendre de cette manière son personnage principal.

La chute de son héros, la remise en questions des valeurs intrinsèques du modèle américain et entre les lignes du capitalisme dans un blockbuster, c’est fort ! Les motivations des bad guys ont toujours plu au public, c’est logique car cela sert d’évacuation à nos propres frustrations.

Bien entendu, ce ne sont pas les bons personnages qui font cette révolution, mais Gotham assiégée et l’idéologie marxiste sous-jacente qui en découle est assez rare pour que ce soit notifié.

La chute de Batman (qui dit élévation, dit chute) n’en est que plus touchante quand on a compris où le réalisateur cherche à nous mener. Les personnages secondaires deviennent principaux et tente de poursuivre les idéaux du Chevalier Noir.

Cet opus est particulièrement porté sur l’émotion et sur les croyances des personnages. Il peut y avoir quelques incohérences et une notion du temps manquant de structure par moments, mais The Dark Knight Rises reste une épopée, une renaissance, un questionnement, un idéal.

À l’époque de blockbusters sans âmes, c’est juste quasi-inexistant.

Aterraki

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Un commentaire to “[Critique Reporter] The Dark Knight Rises : The Fall of Gotham !”

  1. Dom #

    Tout ça est bien mignon sur le fond, mais qu’en est-il sur la mise en scène ? Sur le justement réalisme poussé à son paroxysme dans TDK ? Pour moi c’est un film poussif, souffrant de la maestria de son prédécesseur à l’écriture plus soignée – j’arrive à me dire qu’au fond, si TDK est si bon, c’est qu’il s’éloigne le plus de l’univers comics books, que le cinéma transpose trop souvent à la lettre, alors que l’adaptation impose un changement de codes.

    21 juillet 2012 at 15 h 59 min Répondre

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